Préface
Si vous connaissez déjà la préface, vous pouvez accéder ici directement à l’exposition virtuelle.
Chers visiteurs Français, chers visiteurs francophones !
L’association « Mahnmal » (mémorial) pour les victimes du national-socialisme à Koblenz sur le Rhin, est heureuse de vous accueillir. Nous espérons que l’exposition virtuelle sur Hugo Salzmann vous permettra de mieux connaitre l’histoire de l’Allemagne du 20ième siècle, et en particulier cette période sombre du national-socialisme (1933-1945), mais en même temps, celle de la France.
Nos deux pays (la France et l’Allemagne), ont plus de points communs – en bien comme en mal – qu’on ne le pense généralement. C’est pourquoi: Familiarisez-vous avec cette exposition virtuelle sur le communiste, syndicaliste et artiste allemand que fut Hugo Salzmann, originaire des environs de Koblenz sur le Rhin. Sa vie, son destin et celui de sa petite famille, illustrent de façon claire et bien concrète une partie de cette période.
La vie d’Hugo Salzmann n’est pas une biographie quelconque semblable à beaucoup d’autres. Elle est très particulière. Elle établit une relation intéressante avec de nombreux communistes allemands exilés en France, dont certains sont connus, ainsi qu’avec la rémigration en RDA.
Pourtant la vie d’Hugo Salzmann avait commencée de façon toute simple, au début du 20ième siècle. Il était issu d’une famille de souffleurs de verre de Bad Kreuznach sur la Nahe. Bad Kreuznach était une ville de cure à l’époque, elle l’est encore de nos jours. La ville appartient au Land de la Rhénanie Palatinat depuis sa création en 1947. Située non loin de Mainz, la capitale du Land, elle dépendait et dépend encore administrativement du district de Koblenz.
Carte de l’Allemagne et de la Rhénanie Palatinat avec Bad Kreuznach
Cette exposition virtuelle décrit l’enfance et la jeunesse d’Hugo Salzmann, sur lesquelles la première guerre mondiale avait jeté son ombre, son intérêt pour le syndicat des travailleurs de la métallurgie (1917) et pour la jeunesse communiste (1920). Au milieu des années vingt, il devient président du comité d’entreprise et fonctionnaire local du parti communiste allemand (KPD). Quelques années plus tard, il est membre du conseil municipal et président des syndicats dont le siège se trouve à Bad Kreuznach. Pendant les dernières années de la république de Weimar déclinante (à partir de 1929), il se bat pour les défavorisés sociaux, pour les désespérés et les sans emploi ; mais aussi envers et contre tout: contre le national-socialisme naissant, contre les sociaux-démocrates (les socio-fascistes), contre les réactionnaires (les casques d’acier), et contre les entreprises locales.
Il est tellement haï des nationaux-socialistes, que ces derniers tentent un attentat contre lui. Juste après l’incendie du Reichstag le 27 février 1933, sa tête est mise à prix, et on peut lire sur des affiches qu’il est recherché „mort ou vif“. Il réussit à fuir, dans la région de la Sarre, puis à Paris où sa femme Julianna le rejoint avec leur fils âgé de 6 mois. Sans ressources, et sans travail au début, ils s’en sortent tout de même. Bientôt, il parvient au poste de responsable de la diffusion littéraire auprès de la direction des émigrés (communistes) (Emi), et il perçoit un salaire modeste.
Dans la nuit du 1er septembre 1939, Hugo Salzmann est arrêté et emprisonné – ainsi que beaucoup d’autres communistes allemands - en tant qu’ « étranger dangereux ». Mi-octobre 1939, il est déporté au camp de concentration du Vernet dans le Sud de la France. C’est là que, avec un canif et des os pour la soupe, il apprend par lui-même à faire des sculptures. Ses œuvres sont envoyées comme „échantillon sans valeur“ dans le monde entier. Elles servent à informer sur la situation des communistes allemands poursuivis en France et apportent, en échange, de petits et de gros paquets de nourriture dans le camp.
Fin 1941/début 1942, après deux années de détention, Hugo Salzmann fut livré à la Gestapo par le gouvernement de Vichy. Il fut transféré à la prison de Koblenz. C’est là qu’il apprit le sort de sa femme Julianna. Celle-ci s’était cachée, avait pu envoyer leur fils Hugo en Autriche chez sa sœur en Steiermark. Elle avait été arrêtée, déportée à Koblenz, et de là, au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück.
Hugo Salzmann quant à lui est inculpé devant le tribunal du peuple à Berlin, en raison de ses activités politiques en exil. Il est condamné à huit ans de réclusion. Il purge sa peine dans l’établissement pénitencier de Butzbach jusqu’à sa libération en mars 1945 par les Américains.
Il rentre alors à Bad Kreuznach. Il y apprend que sa femme Julianna n’a pas survécu au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück, et que son fils Hugo est en sécurité en Steiermark. Imperturbable, malgré les coups du destin, Salzman reprend, là où la prise de pouvoir par les nationaux-socialistes l’avait contraint de s’arrêter : il met en place le parti communiste et le syndicat à Bad Kreuznach. Il est membre du conseil de la commune, de la ville et du district ; il pose sa candidature au Landtag. Très vite, il est secrétaire syndicaliste pour le droit social et le droit du travail. Il s’engage pour les victimes du national-socialisme, et s’efforce, à ce que sur place, les coupables soient tenus de rendre compte de leurs actes.
Salzmann se remarie. Avec sa femme Maria et leur fille Julianna, qui porte le nom de sa femme assassinée au camp de concentration de Ravensbrück, il fonde une nouvelle famille Salzmann. Son fils Hugo s’y joint. Mais il ne se sent pas à l’aise dans cette famille, il passe en RDA, plus tard en Autriche.
Avec l’interdiction du parti communiste (1956), Hugo Salzmann perd également sa „patrie“ politique. Cette place vide lui fait redécouvrir la sculpture, commencée presque 20 ans auparavant, au camp de concentration du Vernet. Au niveau régional, il devient un artiste amateur, connu et apprécié, dont les travaux sont souvent exposés.
Arrivé à l’âge limite, il part en retraite de son poste de secrétaire syndicaliste en 1968. On lui octroie encore de nombreuses distinctions. Hugo Salzman meurt le 14 octobre 1979, dans sa ville natale de Bad Kreuznach.
Après sa mort, à l’occasion de la journée de deuil national, des cérémonies de commémoration pour les victimes du fascisme ont lieu régulièrement au mémorial qu’il avait instauré. Une des rues de Bad Kreuznach porte son nom : « Hugo-Salzmann-Straße“ depuis 2004.
Maria Salzmann et Julianna (sa fille) dévoilent la plaque de rue
en l’honneur du syndicaliste Hugo Salzmann. Octobre 2004 (source : privée)
La vie émouvante d’hugo Salzmann est relatée de façon très détaillée dans cette exposition, et illustrée de nombreux documents datant de cette période. On y trouve aussi de nombreuses lettres et autres documents d’Hugo Salzmann lui-même et de sa femme Julianna, donnant à l’ensemble une note proche et très personnelle. De plus, elle permet une vision plus nuancée de la résistance en Allemagne et en exil, ainsi que des poursuites de l‘époque. Ce n’est pas de l’histoire de « Héros » dont il s’agit, mais de celle de gens « tous simples », une histoire vue „d’en bas“ avec tout ce qu’elle contient de souffrance et de désespoir, mais aussi de courage et d‘espérance.
L’exposition témoigne aussi de „l‘artiste amateur“ que fut Hugo Salzmann et de l’œuvre importante qu’il a laissée, de son temps passé au camp du Vernet, et de celui de l’après guerre. C’est par ce côté artistique, que l’exposition virtuelle espère gagner l’intérêt de personnes autres que celles qui, de toute façon, sont intéressées par le travail „pour le souvenir“. C’est une tentative de création d’un nouvel accès artistique à la culture politique d’aujourd’hui, en même temps que celle d’une conscience historique pour la génération actuelle et celle à venir.
Cette exposition virtuelle a été réalisée par M. Joachim Hennig, vice président de l’association „Mahnmal“ de la ville de Koblenz, en collaboration avec Mme Julianna Salzmann, fille d’Hugo Salzmann, de novembre 2011 à novembre 2012. La réalisation technique est l’oeuvre de M. Herbert Bartas: „maître du web“.
À la suite des discours de Mme le Dr. Heike Kaster-Meurer, maire de la ville, de M. Dieter Burgard, médiateur du Land de Rhénanie-Palatinat et président de l’association des mémoriaux du Land et du comité d’action pour le souvenir de l’époque nazie dans le Land actuel de Rhénanie-Palatinat, ainsi que de M. Joachim Hennig, l’exposition virtuelle à été présentée et mise à disposition sur internet le dimanche 18 novembre 2012.
Présentation de l’exposition virtuelle le 18 novembre 2012 à Bad Kreuznach avec de gauche à droite :
M. Dieter Burgard, médiateur, Mme Julianna Salzmann, fille d’Hugo Salzmann, Mme le dr. Heike Kaster-Meurer, maire,
et M. Joachim Hennig, auteur. Au premier plan: quelques sculptures d’Hugo Salzmann.
L’exposition fait depuis l’objet d’un vif intérêt de la part des visiteurs allemands sur le site. Cet intérêt a encouragé les „acteurs“ de cette exposition virtuelle à réaliser sur internet, une - Version réduite- en français. C’est avec joie que nous y travaillons. Nous voulons ainsi apporter notre contribution à ce moment d’histoire commune, franco-allemande et germano-française, que fut cette terrible période du national-socialisme. Par delà les frontières, nous voulons nous souvenir de l’histoire, de ces hommes et de ces femmes qui vécurent cette époque, et soutenir les démocrates, les antifascistes de nos pays, de tous pays et de tous temps, dans leur lutte contre l’extrême droite, le néofascisme et le néonazisme ; afin que chose pareille ne se renouvelle jamais, ni ici, ni nulle part ailleurs, ni aujourd’hui, ni demain. L’exposition sera mise à disposition le 8 mai 2015, jour du 70ième anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale et de la libération du national-socialisme. Hier comme aujourd’hui, la devise devrait être : „Plus jamais de guerre!“- „Plus jamais de fascisme“.
Nous remercions vivement Mme Marie-Odile Ronez pour son aide à la traduction du texte allemand, ainsi que de nouveau M. Herbert Bartas pour la réalisation technique.
Last not least : Un grand merci également à :
Pour leur aide financière concernant la version française de l‘exposition
Joachim Hennig et Julianna Salzmann
Koblenz/Frankfurt am Main, le 8. Mai 2015